À ne pas manquer
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Publier à compte d’auteur
- Le 2023-01-30
- Dans À ne pas manquer
Publier à compte d’auteur..., oui, mais en connaissance de cause !
Article en lien avec la publication de cette enquête (à charge) sur la prétendue sélection des manuscrits par les maisons d’édition à compte d’auteur : [enquête] Avis sur les éditions du Lys Bleu, Sydney Laurent (et d’autres) - Lufthunger Club (lufthunger-club.com)
Il faut savoir que le modèle d’entreprise des maisons d’édition à compte d’auteur, c’est la vente de contrats de services d’édition. Et l’auteur, lui, achète ces services.
Mais ces services, ce n’est pas la sélection (nécessairement subjective !) – pour cela il y a les maisons à compte d’éditeur, qui prennent des risques et donc sélectionnent vraiment sur des critères purement qualitatifs et de ligne éditoriale. Et, effectivement, les maisons d’édition à compte d’auteur qui laissent planer le doute, communiquent sur la sélection et vont jusqu’à mentir sur l’existence d’un comité de lecture sont tout simplement malhonnêtes.
Mais, même si l’on ne leur fait pas confiance pour la sélection, même si on n’a pas écrit un potentiel Nobel, même si on est refusé par l’édition traditionnelle, qui croule sous les manuscrits, on n’en a pas moins un texte de qualité à publier. Or les services intéressants de ces maisons, ce sont le travail de fabrication et le travail de diffusion. Et c’est sur cela qu’il faut, selon moi, être plus spécifiquement vigilant et exigeant en tant qu’auteur-client.
J’ai expérimenté cela, il y a quelques années, avec l’ouvrage d’une cliente que j’ai corrigé et qui a été édité à compte d’auteur. C’était un essai formidable, bien écrit, intéressant et drôle, qui selon moi avait vraiment un public à toucher. Ma cliente a peaufiné son texte après la correction, et j’en ai fait la relecture. Il était donc de très bonne qualité et très propre, une aubaine pour la « maison d’édition ». Après avoir tenté l’édition traditionnelle, ma cliente a signé un contrat avec une de ces maisons, dont je connaissais la médiocrité de sélection mais qui affichait un service de diffusion intéressant. Et c’est là que nous avons été déçues, ma cliente et moi, du service payé et qui n’était pas à la hauteur, loin de là. Car la maison en question n’a fait que le minimum « automatique » possible pour la diffusion, n’a même pas actualisé son site pour mettre la publication du livre dans les nouveautés, n’a pas capitalisé de quelque manière que ce soit sur sa nouveauté catalogue, pourtant de qualité avérée même sans comité de lecture (puisque corrigé par une professionnelle à deux reprises). Sans parler de la communication désastreuse avec la cliente.
Bref, il faut prendre conscience de ce qu’on paie en passant par l’édition à compte d’auteur. Et pour avoir un avis sur la qualité de ses écrits, il faut passer par des professionnels de l’écrit, chacun avec ses compétences propres (correcteurs, bêta-lecteurs, « vrais » éditeurs), pas par des fabricants de livres. Le problème ici, c’est l’appellation trompeuse d’« éditeur » pour les entreprises d’édition à compte d’auteur. -
De l’utilité de compter les espaces comme des caractères...
- Le 2019-06-24
- Dans À ne pas manquer
Un internaute me demande pourquoi compter les espaces comme des caractères dans la correction professionnelle, et « comment peut-on faire des fautes d’espace ? »...
C’est l’occasion de faire le point sur la question. Car, de fait, une part non négligeable de mon temps de correction est passée à corriger… le vide !
Eh oui ! Il y a effectivement plusieurs types d’erreurs possibles concernant les espaces, lesquelles* font partie, rappelons-le, des caractères dits « non imprimables », comme les retours à la ligne.
Voici quelques exemples de corrections nécessaires sur les espaces.
♦ Pour commencer, la très classique double espace. Une espace en trop entre deux mots, c’est une intervention du correcteur.
♦ Deuxièmement, les oublis de traits d’union dans les mots composés : vis à vis, c’est à dire, un New Yorkais… Ce sont autant d’espaces à « combler », donc nécessitant une correction.
♦ Enfin, l’espace insécable… obligatoire, par exemple, avant un signe de ponctuation dite « haute » (:;!?) ou entre un nombre et le symbole d’une unité de mesure (10 min, 3 kg, 1 000 €, 23 %…). Cette espace empêche ladite ponctuation ou le symbole d’être séparé en fin de ligne de ce qui le précède. Beaucoup de vérifications et de corrections en la matière !
CQFD ! Voilà pourquoi il n’est pas saugrenu, et encore moins opportuniste, de facturer les espaces comme tous les autres caractères lors d’une correction orthographique !
NB : sachez que la langue française distingue en réalité trois types d’espaces :
♦ l’« espace mots justifiante », espace « normale » et qui, dans un texte justifié, varie en largeur en fonction du nombre de mots sur chaque ligne ;
♦ l’« espace mots insécable », de largeur fixe et empêchant, donc, un mot ou un caractère (guillemets, deux-points) d’être séparé en fin de ligne du mot qui le précède (ou qui lui succède, dans le cas du guillemet ouvrant) ;
♦ l’« espace fine insécable », qui précède les ponctuations hautes autres que le deux-points (;!?). En pratique, avec les logiciels de traitement de texte, aujourd’hui, l’espace fine n’est pas facilement intégrable et est le plus souvent remplacée par une espace mots insécable.
*le mot « espace » est féminin en typographie.
Plus d’infos dans le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale, 2002, Imprimerie nationale
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Je vous écoute avec les yeux
- Le 2019-06-04
- Dans À ne pas manquer
Chers visiteurs,
certains d’entre vous le savent, je suis malentendante, et même une sourde en devenir, quoiqu’un appareil auditif me permette aujourd’hui de faire illusion dans la plupart des situations… que je n’évite pas.
J’entends très mal, donc, mais je n’en suis pas moins à votre écoute. Certes, je décline vos invitations à échanger au téléphone ; certes aussi, je ne vous propose pas mes services dans les allées bruyantes des salons ; certes encore, il me faut choisir mon siège – celui à votre gauche – lorsque je viens vous rencontrer au bureau. Je suis à votre écoute…, mais de préférence par écrit !
Fort heureusement, mon métier ne demande pas tant une bonne audition qu’une bonne vue, une vue formée et exercée, capable de traquer la faute, l’erreur, l’imprécision, l’oubli... « Un œil de lynx ! », me dit-on…
Ce qui m’amène à signaler/rappeler que le lynx, superbe animal au demeurant, n’a qu’une vision bien ordinaire, et ne mérite donc pas d’être encensé en cela.
Car, en réalité, l’expression nous vient de la mythologie grecque. Et plus précisément d’un certain Lyncée (« Lunkeos », en grec), compagnon de Jason parti en quête de la Toison d’Or, pilote de navire de son état, et surtout doté du pouvoir de voir à travers les nuages, les rochers et les profondeurs marines… Ah ! Quel don que celui d’avoir les yeux de Lyncée !
Lunkeos/lynx, un duo de paronymes (mots de sens différents mais de sonorités voisines) ayant conduit au fil du temps au superpouvoir supposé des félins à pinceaux de poils !
Notez d’ailleurs que la confusion ne date pas d’hier, puisque Jean de la Fontaine en personne l’a reproduite dans sa fable La Besace (en 1668 !) :
Lynx envers nos pareils, et taupes envers nous,
Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes
On se voit d’un autre œil qu’on ne voit son prochain.
Moralité, tâchant de n’être pas taupe, espérant ne pas le devenir, je me tiens à votre écoute écrite pour tout besoin de correction professionnelle !