Je clos, il clôt, nous…?
Les verbes défectifs
Alors ? Nous quoi ? Eh bien, nous closons ! Ah oui ?!
Et à l’imparfait ? Vous closiez ? Pas sûr, car clore est un verbe défectif.
EXPLICATION :
Défectif signifie « comportant un manque ».
Un verbe défectif est un verbe qui n’existe pas à certains temps et modes de la conjugaison française.
Il en existe de deux sortes : les strictement impersonnels et les autres.
1 – Les verbes strictement impersonnels ne s’utilisent qu’à l’infinitif et à la troisième personne du singulier (mais à tous les temps et modes sauf l’impératif et le gérondif).
Pleuvoir / Il pleut
Neiger / Il a neigé
Falloir / Il eût fallu
S’agir de / Il s’agissait de
2 – Les autres. Il n’y a pas de règle concernant le manque dans la conjugaison des verbes défectifs. Chaque verbe a sa conjugaison, ses formes irrégulières ou pas, ses manques.
Une idée pour mieux les appréhender : regarder les verbes modèles du Bescherelle. La conjugaison de chacun des verbes choisis comme modèles est présentée de façon très claire, sur une pleine page, et permet de visualiser d’un seul coup d’œil les formes existantes et celles manquantes ou inusitées aujourd’hui et donc omises*.
Quelques exemples de verbes défectifs couramment utilisés :
Clore n’est plus usité à l’imparfait (indicatif et subjonctif) et au passé simple et ses formes pour nous et vous au présent de l’indicatif sont rares.
Faillir s’emploie à presque tous les temps sauf au présent et à l’imparfait. De fait, les formes de ces temps existent (je faux, nous faillons, je faillais, nous faillions) mais sont désuètes et ne s’utilisent plus.
Pouvoir n’a pas de formes impératives.
Traire n’a pas de passé simple et d’imparfait du subjonctif.
Paître n’a pas de temps composés et n’a que certains des temps simples.
Quelques exemples de verbes d’utilisation plus rare :
Ouïr a été remplacé par entendre et ne s’emploie plus qu’à l’infinitif et dans l’expression « par ouï-dire ». On utilise parfois par coquetterie la formule « j’ai ouï dire que… ». Ce n’est pas fautif dans la mesure où ce verbe, ayant eu toute sa place dans la langue française, a aussi eu toutes ses formes de conjugaison que, bien que désuètes, l’on peut voir dans le Bescherelle.
Seoir n’existe qu’aux troisièmes personnes du singulier et du pluriel de quelques temps simples et au participe (il sied, sis au 3 rue des Prés…).
Choir au contraire ne s’utilise pratiquement qu’aux temps composés de l’indicatif (j’ai chu).
Absoudre n’a pas de passé simple et d’imparfait du subjonctif.
Petites questions subsidiaires :
1 - Comment se fait-il que l’on utilise pleuvoir au pluriel dans une phrase du genre « Les coups pleuvent sur lui » ?
2 - Quel est l’infinitif du verbe de cette phrase : « Il gît six pieds sous terre. » ?
3 - Quel est l’infinitif du verbe de l’expression : « Tant s’en faut ! » ?**
4 - Que signifie le verbe partir dans l’expression « avoir maille à partir » ?
*D’aucuns diront que le Bescherelle est une publication parmi d’autres et que l’on trouve ailleurs des formes que celui-ci ne mentionne pas. C’est exact et je ne dis pas ici qu’il ne faut s’en tenir qu’au seul Bescherelle, mais c’est un ouvrage connu et courant, qui est une bonne base pour appréhender le sujet, et faisant la part belle aux usages contemporains.
**Attention, « loin s’en faut » est une formule issue du mélange fautif de « tant s’en faut » et « loin de là », qu’il convient d’éviter à l’écrit.
Réponses
1 - Parce qu’il s’agit d’une exception de ce verbe impersonnel utilisé ici au sens figuré.
2 - Gésir, qui ne se conjugue qu’au présent, à l’imparfait, au participe présent et au gérondif.
3 - Falloir, et non faillir…
4 - Partager. Cette acception de partir ne s’utilise plus que dans cette expression . Ce verbe est donc l’un des plus défectifs de la langue française d’aujourd’hui puisqu’il n’existe qu’à l’infinitif !